**Nicolas Tollet**: Gaëlle, c'est un plaisir de t'accueillir chez Hughes Hubbard, le cabinet qui nous a tous les deux accompagnés en tant que conseil au cours de nos carrières respectives et au sein duquel nous exerçons aujourd’hui. Peux-tu partager avec nous ce qui a motivé ton retour en cabinet d’avocats après une expérience très riche en entreprise ?


**Gaëlle Thuault**: Nicolas, merci pour cette question. Après avoir appréhendé pendant près de dix-huit ans les très nombreuses dimensions de la compliance au sein de deux grands groupes du CAC40, un retour en cabinet m’est apparu comme une étape logique à ce stade de ma carrière, afin de partager la vision opérationnelle acquise en entreprise. Le savoir-faire unique de Hughes Hubbard, non seulement en audits de conformité, en enquêtes internes et cartographies des risques mais aussi dans son rôle de conseil pour gérer des problématiques complexes et internationales, a joué un rôle déterminant dans ma décision. Sans oublier que le cabinet a été, dans l’exercice de mes précédentes fonctions, un partenaire clef pour répondre aux nombreux enjeux stratégiques inhérents aux sujets de la compliance, à l’instar des questions relatives aux droits humains et au devoir de vigilance qui impose aux entreprises de mettre en œuvre des analyses de risque et des plans d’action à fort impact pour les organisations. Avec l'avènement de la CSRD et de la future CS3D au niveau européen, une expérience nourrie par le monde de l’entreprise m’apparaît comme pouvant être complémentaire à la pratique déjà parfaitement établie et très reconnue de Hughes Hubbard.

**NT**: C'est une transition intéressante. Quels défis particuliers as-tu rencontrés en passant du rôle de conseil juridique interne à celui d’avocat ?


**GT**: Le défi principal : s’adapter à l’évolution du paradigme. En tant que juriste interne, nous sommes nécessairement animés par la culture de l’entreprise et devons suivre pas à pas des processus décisionnels qui lui sont propres. Il est ainsi possible d’anticiper et de gérer les problématiques tout en gardant une approche constructive afin de ne pas braquer les parties prenantes internes au risque de voir la compliance considérée comme une fonction contre-productive qui annihile le « business ». En tant qu'avocat, il convient avant tout d’adapter les conseils aux spécificités des organisations. En pratique, cela requière une capacité à appréhender rapidement de nouveaux environnements et secteurs d’activités. A cela s’ajoute la nécessité de rester à l'avant-poste des très nombreuses évolutions réglementaires et législatives afin d’assister en amont nos clients et leur apporter des conseils juridiques précis et opérationnels prêts à être déployés au moment de l’adoption des différents textes de loi. Faire preuve d’agilité constitue donc un challenge quotidien mais des plus stimulants.


**NT**: Et qu'en est-il des satisfactions ? Qu'est-ce qui t'enthousiasme le plus dans ce nouveau rôle ?


**GT**: La diversité des dossiers est très enrichissante. J’ai la chance de pouvoir être amenée à gérer des problématiques de conformité variées pour des secteurs d’activités très différents. Cela me permet également de côtoyer à nouveau des industries que j'affectionne tout particulièrement, comme celle de l'énergie, ayant exercé pendant près de neuf ans au sein de l’un des principaux acteurs de ce secteur. De plus, j’éprouve une réelle satisfaction à pouvoir partager mon expérience, échanger avec nos clients et les aider à naviguer dans un paysage réglementaire toujours plus complexe et en constante mutation. Cette complémentarité d'approche ne fait que renforcer ma passion pour le droit et la compliance.


**NT**: Gaëlle, ton expérience en tant que Chief Compliance Officer au sein d'un grand groupe du CAC40 pendant près de neuf ans t'a donné une perspective unique sur les enjeux de compliance, en particulier en matière de devoir de vigilance et de droits humains. Comment vois-tu les compétences de Hughes Hubbard dans ces domaines comme un atout dans cette nouvelle étape de ta vie professionnelle ?


**GT**: Durant mon parcours en entreprise, j'ai eu l'opportunité de collaborer étroitement avec Hughes Hubbard sur des projets de grande envergure liés au devoir de vigilance et aux droits humains. Cette collaboration a été essentielle dans l’exercice de mes fonctions non seulement pour s’assurer du respect des exigences légales mais aussi pour participer à l’ancrage de ces principes dans la culture de l'entreprise. L'expertise du cabinet, son approche pragmatique et son engagement très ancien sur ces questions fondamentales m'ont convaincue de l’importance de rejoindre une équipe qui croit et porte ces valeurs essentielles.


**NT**: Après la loi française sur le devoir de vigilance, la CS3D semble aujourd’hui être un tournant pour les entreprises européennes. Peux-tu élaborer sur l'impact de cette directive et comment tu envisages de contribuer, avec Hughes Hubbard, à accompagner les entreprises dans cette transition ?


**GT**: La proposition de directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité (CS3D) constitue effectivement une évolution majeure. Elle imposera aux entreprises tombant dans son champ d’application, et pour l’ensemble de leur chaîne de valeur, de prendre des mesures appropriées pour identifier, prévenir, réduire et éliminer les incidences négatives de leurs activités sur les droits humains, les droits sociaux et l'environnement. L'enjeu en l’espèce n'est donc plus seulement juridique mais il devient éminemment stratégique. L'approche de Hughes Hubbard, qui allie à la fois une solide expérience juridique et une fine compréhension des réalités et difficultés opérationnelles rencontrées par les entreprises, est parfaitement adaptée pour répondre aux défis de la CS3D. En tant que membre de l'équipe, je compte mettre à profit mon expérience pour accompagner nos clients dans l’intégration de ces exigences au sein de leur stratégie d'entreprise.


**NT**: Le devoir de vigilance et les droits humains sont des domaines où l'aspect humain et éthique est au cœur des préoccupations. Comment envisages-tu de concilier ces aspects avec les impératifs stratégiques des entreprises ?


**GT**: C'est une excellente question. Le respect du devoir de vigilance ainsi que la protection des droits humains ne doivent plus être perçus comme de simples obligations juridiques mais davantage comme des leviers de croissance durable qui doivent faire partie intégrante de l’ADN des entreprises. Au-delà de conseiller les entreprises quant au respect de leurs obligations légales, Hughes Hubbard aide ses clients à mettre en œuvre des stratégies proactives qui favorisent une croissance responsable sur le long terme et renforcent la confiance de l’ensemble des parties prenantes.


**NT**: Ton retour chez Hughes Hubbard marque une étape clef dans l'engagement du cabinet envers le devoir de vigilance et les droits humains. Comment envisages-tu l'avenir de cette pratique au sein du cabinet ?


**GT**: L'engagement de Hughes Hubbard sur ces questions fondamentales est authentique. En rejoignant ce cabinet, j’intègre une équipe déterminée à faire la différence, non seulement en accompagnant nos clients dans leur mise en conformité quotidienne aux nombreuses règlementations applicables mais également en les guidant dans l’adoption de pratiques novatrices qui accompagnent leur évolution durable. L'avenir de cette pratique, à mon sens, réside dans notre capacité à sensibiliser et à innover constamment pour participer positivement à l’évolution du paysage de la compliance et répondre aux nouvelles attentes de la société. C'est un défi que je suis impatiente de relever aux côtés de mes collègues.


**NT**: Ta perspective unique enrichit sans aucun doute notre offre chez Hughes Hubbard. Quel message aimerais-tu partager avec ceux qui envisagent un mouvement similaire, de l'entreprise vers le cabinet ?


**GT**: Mon conseil serait de ne pas sous-estimer la valeur d’un parcours en entreprise. Cette expérience acquise auprès des opérationnels et des instances dirigeantes permet une compréhension réelle des enjeux rencontrés par les organisations. Un retour à la profession d’avocat, après un long passage en entreprise, permet, me semble-t-il, d'élargir son champ d’intervention en partageant ses compétences avec des clients actifs dans des secteurs extrêmement variés mais qui ont tous le même point commun indéfectible, celui de vouloir tout mettre en œuvre pour assurer que leurs organisations respectent les exigences règlementaires applicables. Enfin, cela permet de continuer à apprendre et à évoluer dans sa pratique au fil des évolutions réglementaires pour s’adapter constamment aux nombreux défis imposés par une matière en perpétuel mouvement.


**NT**: Merci, Gaëlle, pour ce partage d'expérience et de réflexions. Ton retour en cabinet témoigne de la richesse d’expérience que représente l'aller-retour entre entreprise et cabinet dans une carrière en droit et tout particulièrement en compliance.